Moi je ne suis pas un Athlète, je suis un Sportif.
Je ne me souviens plus à qui j’ai raconté ça l’été passé mais c’est resté, parce qu’on en a reparlé en Décembre à la Finale Zoo Battle. Ça me vient de toutes les publications en ligne… Athlète de CrossFit par çi, athlète de CrossFit par là, Coach Machin avec son athlète X. J’imagine que si le CrossFit forme des Coachs, il serait normal que les coachs forment des athlètes, mais si c’était le cas, il faudrait appeler tous les petits bouts en PeeWee CC des athlètes aussi…
Mais c’est vrai! Mon but à moi, ce n’est pas d’exceller, de performer, de tout casser. Je suis plutôt dans le PeeWee CC, justement. Mon objectif au CrossFit comme dans tout autre sport, c’est de me défouler, de m’amuser, de dépasser mes limites… mais raisonnablement. Avec modestie, tsé. J’aime bouger, j’aimer me pousser même, mais c’est pas vrai qu’à commencer un nouveau sport à la mi-trentaine je vais finir la tête dans le puke bucket. Tant que je me présente au gym 3-4 ou 5 fois par semaine, j’ai déjà une bonne longueur d’avance sur les autres, non?
Pour certains CrossFitteurs, un WOD ressemble plus à un entrainement de Navy SEAL qu’à un « entrainement fonctionnel constamment varié, à haute intensité. » Quand le CrossFit a commencé, il fallait pas être nerveux. Fallait être un dur à cuire, une bête. Beast mode all day every day, genre. Faut dire que dans le temps (y’a quoi, 5-6 ans?), si t’étais dans le CrossFit, t’étais hardcore. Y’avait pas de demi-mesure, pas de semi-retraités dans le cours de 19 :00… (Mais pas de cours d’haltéro tous les mardis non plus… c’était un peu n’importe quoi!).
Aujourd’hui, le CrossFit se démocratise. On apprend l’importance de scaler un WOD, que ce soit pour rendre le niveau de difficulté accessible ou pour atteindre le niveau d’intensité souhaité. On boit les paroles de Greg Glassman : « Modérez
l’effort pour maintenir l’intensité (pourtant répertoriées en Septembre 2006!). » On invite les profs de primaire, les retraités, le monde ordinaire. Les Sportifs aussi. Ceux qui comme moi aiment bouger, apprendre, explorer, mais pas puker.
Au CrossFit, on dit de laisser son ego à la porte. Le niveau de difficulté peut être élevé et on frappe tous un mur, tôt ou tard. Les athlètes intelligents vont rapidement trouver leur limite, et comprendre quand c’est possible de la dépasser et quand c’est plus safe de prendre du recul. Mais ce n’est pas tous les athlètes qui sont intelligents, et ce ne sont pas tous les intelligents qui sont athlètes! Ça prend une excellente connaissance de ses propres capacités physiques, de ses faiblesses, de ses antécédents.
La différence dans le fond, c’est que ces athlètes-là ont un plus grand bagage de performance sportive, en plus d’un désir de performer et d’un esprit de compétition. Les sportifs, nous, on a pas ça, ou du moins pas au même niveau. On a commencé pour la remise en forme, ou bien on a suivi nos chums quand ils sont passés du Pro-Gym au CrossFit. On a slaqué le vélo parce qu’on avait pu le temps de partir en nowhere pendant 5 heures ou bien on a lâché le golf parce que notre bois 1 a chié pis que ça coûte un an au gym le changer. Fait que on est pas mauvais, mais on est juste « un peu » bons. On peut faire Elizabeth RX mais on peut pas enchaîner 2 muscle-ups. On a torché le 15.1A mais choké le Clean & Jerk du 15.1B (ou l’inverse). Mais tant qu’on se pointe au gym 3-4 ou 5 fois par semaine, on a déjà une bonne longueur d’avance sur les autres, non?
C’est pour ça qu’à date, la majorité des athlètes d’élite se démarquant dans le CrossFit proviennent d’autres sports. Que ce soit le hockey, le Crashed Ice, le soccer, la gymnastique ou le bodybuilding, le sport est encore trop jeune pour avoir des athlètes qui ont grandi dans le sport dès le début. Ce sont des gens qui ont déjà des connaissances de leurs limitations et de leurs capacités à un niveau élevé de performance. Aux Games, ils ont tous fait du sport collégial, universitaire, ou professionnel. Ils ont tous 2-3 coachs, leur chiro, leur masso et leur physio. C’est pas la même game que toi pis moi, tsé?
On s’entend, le CrossFit, j’en mange. Les compés, les formations, la technique, les gros noms… je veux rien manquer! Mais quand j’arrive au gym, je suis vraiment, mais vraiment, moyen. Pis je suis vraiment, mais vraiment, à l’aise avec ça. Je vais repousser mes limites, oui. Mais si le RX est mon 175%, je vais donner mon 110% comme ils disent à la TV. Pis si j’ai mal dormi la nuit passée, je vais peut-être « juste » donner mon 100% – ce jour là. Mais ça ne fait pas de moi un demi-crossfitteur, un moindre participant. Que notre perception personnelle de l’effort soit de 80, 90 ou 110 pourcent, on sue notre vie. On se pointe au gym 3-4 fois semaine, on varie nos mouvements et on en fait beaucoup, rapidement. C’est ça, le CrossFit. On a tous un background différent, et on arrive tous avec des objectifs différents. Pour que le CrossFit soit réellement accessible à tous, la première étape consiste à respecter ça et la 2e; à se respecter soi-même. Parce que tant qu’on se pointe au gym 3-4 ou 5 fois par semaine, on a déjà une bonne longueur d’avance sur les autres.